Les deux filles
Je dors. Ou plutôt somnole. Assis sur un banc du métro, pourtant bien inconfortable. Malgré le bruit et la chaleur poisseuse qui colle ma chemise contre mon corps. Mes yeux s'ouvrent puis se ferment, en alternance, saisissant de curieuses scènes de la vie parisienne. Parisienne et souterraine. Comme ces deux filles, comme en dévotion, dans l'attente d'un messie à suspension pneumatique. Une en rose, coupe au carré, l'autre plus terne, mais avec une sorte de petit chignon. Je n'aime pas le sac de celle de droite. L'autre est plus jolie, j'en suis sûr. Je sais bien qu'elle est de dos. Mais son chignon dégage nécessairement sa nuque, toute piquetée alors de cheveux fins un peu rebelles.
Je referme les yeux, vaguement satisfait. Un bruit sourd qui va en s'amplifiant annonce la rame dans laquelle les deux filles vont monter. Et moi aussi, d'ailleurs. Secouons-nous un peu ...