Honte pour eux
J'ai toujours eu honte pour les autres. Enfin, pas forcemment honte. J'ai mal pour eux. Quand le mal-être va se révéler, je viens en eux, me saisis de leur douleur, la fais mienne, et je sens entre mes côtes quelque chose qui écrase mes poumons jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer.
Comme ce spectacle où nous étions trois. Trois seulement dans une salle prévue pour 400. Les deux devant qui se jetaient des coups d'oeil pour se jauger, pour se décider l'un l'autre à s'enfuir. Et moi derrière rouge de honte à la pensée du type qui allait venir sur scène, planté devant son micro, qui allait compter aisemment les spectateurs. Qui allait se dire « 3 seulement, 3 sont venus pour me voir, moi, seulement 3 », mais comment allait-il faire pour exécuter quand même son one-man-show, et moi, j'avais mal et honte en même temps parce que je voulais partir, parce que je ne voulais pas assister à cela ...