Dans le temps II
Dans le temps, je sortais parfois de chez moi. Je détestais ça. J'avais toujours du sable dans les poumons. C'était pénible. J'avais chaud ou j'avais froid ; c'était selon. Mais ça n'allait jamais. J'aimais bien aller me réfugier dans les passages souterrains avec le vague sentiment qu'ils me protégeraient de quelque agression humaine ou non-humaine et que, de surcroît, je pourrais plus facilement me fondre dans le décor. Pourtant, il y en avait du monde, sous terre, mais cela ne m'inquiétait pas. J'étais invisible, indiscernable, perdu dans la matité grossière des parpaings. Et de loin, je les voyais, tous ces gens. Oh, ils ne me faisaient pas peur, comme je l'ai dit. Ils étaient si pressés, si avides de couloirs, si désireux d'aller où ils devaient aller, que je ne pouvais m'empêcher de les envier.