Un peu de théorie

En fait, je crois que je n'aime pas vraiment la photographie. Que je n'ai jamais considéré comme un art d'ailleurs (le 5eme, le 6eme ?). Une technique, tout au plus.
Une technique qui nous ramène au plus assommant de la peinture figurative du  XIXème siècle. Et quelle peinture figurative  !  Celle  qui a été  muséifiée à Orsay, celle de ceux qu'on appelle les peintres pompiers.  La photographie, c'est l'art pompier à la portée de tous.
La photographie est figurative, au mieux impressionniste. On ne fait pas, par exemple, (ou de manière marginale) d'expressionnisme abstrait (ou un équivalent) en photographie. Ce n'est pas que j'en sois un fan, mais cet abscence est un signe, un indice.
Bien sûr, on "éprouve" des "émotions" "diffuses" en regardant une photographie. Mais c'était déjà le cas avec les petits maîtres en peinture. Des émotions précalculées, pourrait-on dire. Du préfabriqué d'émotions en kit qui saura rendre la photographie justement émouvante.

Et puis, je n'aime pas le portrait ou les scènes de genre pretendumment à la sauvette mais arrangées souvent (Doisneau me gonfle avec son espèce d'ethnographie voyeuriste), pareil pour le photo-reportage ; il y a quelque chose d'obscène à shooter au zoo humain des trognes interessantes. Dépouillement des êtres de leur âme, de leur vécu au profit d'une esthétique de l'exotisme.

Alors, puisqu'il faut bien se défendre, oui, je fais aussi des photos. Mais des photos pas naturelles. Voilà le mot : la naturalité, le naturalisme, l'évidence aveuglante de la photo m'assomme. J'essaie alors de faire entrer de force dans le monde des "jolies" représentations des choses pas toujours bien maquillées, qu'on ne remarque pas et qu'il a fallu grimer ou qu'il a fallu aller photographier sous les jupes ....

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[chell]

La chambre claire...